Sous la chaleur écrasante du désert de Madyan, un homme marchait, le regard perdu à l’horizon. Ses vêtements étaient couverts de poussière, ses pieds meurtris par la longue route. Cet homme, c’était Moussa (Moïse), le fils d’une lignée noble d’Égypte, mais aujourd’hui fugitif. Il avait quitté le palais de Pharaon après avoir, par accident, ôté la vie à un homme. Redoutant la colère du tyran, il avait fui vers l’inconnu, seul avec sa foi et son espoir en Allah.
Après plusieurs jours d’errance, affamé et épuisé, il atteignit un puits près de Madyan. Autour de l’eau, des hommes robustes abreuvaient leurs troupeaux, mais non loin de là, deux jeunes femmes retenaient leurs brebis, hésitantes.
Moussa, malgré sa fatigue, ne put détourner les yeux. Leur attitude intriguait son cœur bienveillant. Il s’approcha et leur demanda d’une voix douce :
— « Que faites-vous ici, et pourquoi n’abreuvez-vous pas vos bêtes ? »
L’une d’elles répondit avec modestie :
— « Nous attendons que les bergers s’en aillent, car nous ne pouvons nous mêler à eux. Notre père est un vieil homme, et nous devons nous occuper du troupeau. »
Touché par leur pudeur et leur difficulté, Moussa n’hésita pas. Il s’avança vers le puits, écarta les bergers sans violence, et puisa l’eau pour les jeunes femmes. Ses muscles, bien que fatigués, puisèrent une force insoupçonnée dans son âme altruiste. Une fois leur tâche accomplie, les jeunes femmes partirent, laissant Moussa seul avec son sort.
Épuisé, il s’adossa contre un arbre et leva les mains vers le ciel :
— « Ô Seigneur, j’ai grand besoin du bien que Tu voudras me donner. »
Un destin guidé par la foi
Quelques heures plus tard, alors que le crépuscule dorait l’horizon, l’une des jeunes femmes revint vers lui, timide et pudique.
— « Mon père t’invite, afin de te récompenser pour nous avoir aidées. »
Moussa la suivit jusqu’à leur maison, où il rencontra leur père, un vieil homme sage que certains savants identifient comme le prophète Shu’ayb (Jethro). Après avoir écouté son histoire, le vieil homme vit en lui un homme droit et de confiance. Il lui fit alors une offre inattendue :
— « Je souhaite te marier à l’une de mes filles, à condition que tu travailles pour moi huit ans, et si tu en fais dix, ce sera de ton plein gré. »
Moussa, qui n’avait rien d’autre que sa foi et sa force, vit en cette offre une miséricorde d’Allah. Il accepta sans hésitation.
Ainsi, il épousa Safoura (Séphora), la jeune femme pudique qu’il avait aidée au puits.
Un amour forgé dans la patience
Les années passèrent, et un amour sincère naquit entre Moussa et Safoura. Elle n’était pas une reine, il n’était pas un prince, mais leur union reposait sur la foi, la loyauté et la patience.
Safoura voyait en son époux un homme au cœur pur, un homme de vérité et de courage. Elle le soutint dans ses épreuves, dans ses prières, et dans ses doutes. Quand vint le jour où il termina son engagement, elle marcha à ses côtés dans le désert, vers un destin que seul Allah connaissait encore.
C’est lors de ce voyage, en pleine nuit, qu’un feu mystérieux apparut au loin. Moussa s’en approcha… et entendit la voix d’Allah l’appeler. C’est ainsi qu’il fut choisi comme prophète, porteur du message divin.
Et Safoura, fidèle et discrète, devint la femme du plus grand des libérateurs.
Un amour béni par Allah
L’histoire de Moussa et Safoura est celle d’un amour qui ne naît ni dans le luxe ni dans la facilité, mais dans l’épreuve et la confiance en Allah. C’est une histoire où la noblesse ne se mesure pas en richesses, mais en droiture et en foi.
Ainsi, le destin d’un homme poursuivi par la tyrannie devint celui d’un messager de vérité, et l’amour d’une femme modeste devint le soutien silencieux d’un prophète.
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